Groupe d’amitié France-Birmanie

Mardi 5 novembre, en tant que Président du groupe d’amitié France-Birmanie et Secrétaire de la Commission des Affaires étrangères, j’ai reçu, avec mon collègue, le député, Bruno Millienne, une délégation d’Amnesty International France afin d’échanger sur la situation des Rohingyas au Bangladesh et au Myanmar (Birmanie).

Pour rappel, les Rohingyas représentent une minorité musulmane dans un pays où 90% de la population est bouddhiste. Ils sont principalement présents dans la région du nord ouest birman et ont été victimes en août 2017 d’une répression sans précédent par l’armée birmane faisant plus d’un milliers de morts (selon l’ONU).  S’en est suivi une exode massive de ces populations vers le Bangladesh, en Malaisie et en Indonésie. Plusieurs centaines de milliers de Rohingyas vivent encore aujourd’hui dans des camps de réfugiés au Bangladesh, dans une misère absolue.

Pour Anne Castagnos, responsable des relations extérieures d’Amnesty France, la situation des droits de l’homme au Myanmar demeure grave : « personne n’a été traduit en justice pour les crimes de droit international perpétrés, dont des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et un possible génocide ; et l’armée du Myanmar continue de commettre de graves violations contre des civils dans les régions habitées par des minorités ethniques et en proie au conflit. L’État n’a pas pris de véritables mesures pour créer les conditions d’un retour librement consenti, sûr et digne des plus de 730 000 Rohingyas qui ont fui au Bangladesh en août 2017, et les Rohingyas qui se trouvent encore dans l’État d’Arakan continuent de vivre dans un système d’apartheid. L’accès de l’aide humanitaire reste strictement limité et l’espace accordé à la liberté d’expression est de plus en plus restreint ».

Madame Aung San Suu Kyi, prix nobel de la paix, qui dirige le gouvernement birman depuis 2015 est confrontée à une armée toute puissante dans cette zone de conflit du nord-ouest de la Birmanie.

En effet, comme nous l’a souligné, Sophie Brondel, coordinatrice d’Info Birmanie, la suprématie de l’armée dans ce pays est également économique. Les plus hauts gradés de l’armée détiennent deux conglomérats qui comptent plus d’une centaine d’entreprises  dans des secteurs très divers (construction, pierres précieuses, assurance, tourisme, secteur bancaire). Ces intérêts économiques contribuent au maintien de l’armée en dehors du contrôle du pouvoir civil.

Dans ce contexte, la mission d’établissement des faits de l’ONU sur la Birmanie a appelé la communauté internationale « à couper tout lien avec l’armée birmane et le vaste réseau d’entreprises qu’elle contrôle et sur lesquels elle s’appuie ».

J’aborderai ces questions, lors de ma rencontre avec le Secrétaire général des Nations Unies, prévue lors de mon déplacement à New-York, du 6 au 10 novembre prochain, dans le cadre de la commission des Affaires étrangères.

Ici, un article des décodeurs pour mieux comprendre la situation des Rohingyas.